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Photo du rédacteurDr Julien Drouart

Sony Center : le renouveau de l'architecture contemporaine

Dernière mise à jour : 13 nov.


Sony Center : le renouveau de l'architecture contemporaine

Le Sony Center est un complexe architectural surprenant et novateur. Son inauguration marque paradoxalement l'échec du postmodernisme à Berlin. En attendant mieux, il est d'ores et déjà une pièce majeure du patrimoine urbain.


La visite du Sony Center est incontournable. C'est aussi un coup de cœur personnel.


Avec la Réunification allemande commence le démantèlement du Mur de Berlin. L'immense chantier laisse rapidement apparaître de larges zones désertes en plein milieu de la ville. L'ambition sera alors d'effacer les stigmates de la division en réagglomérant les espaces urbains. Après l'emblématique place de Paris avec la Porte de Brandebourg, la Potsdamer Platz concentre toute l'attention.


La Potsdamer Platz est le véritable laboratoire architectural de la Réunification. La transformation de l'urbanisme est totale, à commencer par la présence inédite de gratte-ciels. L'architecte Helmut Jahn dirige la construction du Sony Center. Postmoderniste convaincu, il suit les règles du développement durable : un environnement urbain où les facteurs économiques, culturels et écologiques seraient centraux.


Le Sony Center ouvre tardivement à l'an 2000, à un moment où l'enthousiasme post-réunification est déjà retombé. Berlin change ensuite de paradigme et s'engage dans la reconstruction du patrimoine détruit, notamment le château des Hohenzollern. Malgré le manque de valorisation, le Sony Center demeure une prouesse architecturale et son potentiel reste intact.

Effets de lumière à l'intérieur du  Sony Center en soirée

La technique rejoint l'esthétique


Le Sony Center est un immense forum circulaire presque entièrement vitré. Les façades des bâtiments ont chacune leurs particularités avec des reliefs et des formes géométriques uniques. Cette architecture mouvante renouvelle constamment les perspectives. Le complexe est surmonté d'un immense dôme de toile, de verre et d'acier, légèrement incliné, rendant ainsi hommage au mont Fuji. Une immense flèche tombe enfin du chapiteau vers le bassin central du forum. La première impression est saisissante.


L'aménagement du Sony Center suit les règles du zonage. La moitié du bâti est consacrée à l'activité économique. Le reste se répartit entre les zones résidentielles et celles liées à la culture et à la restauration. Le résultat est mitigé. Une partie des bureaux demeure inoccupée et beaucoup d'enseignes commerçantes et culturelles ont fermé, notamment le cinéma Cinestar & IMAX en 2019. De même, les habitations ne reflètent pas la vie de quartier à laquelle les Berlinois sont attachés ; sans compter l'absence d'école et de commerces de proximité. Il n'est pas rare en s'y rendant de n'y croiser pas âme qui vive.


En soirée, un éclairage dynamique illumine le chapiteau. Ces belles couleurs contrastent avec la douceur tamisée dans laquelle le Sony Center reste feutré. Cette esthétique incroyable a été pensée par l'architecte Helmut Jahn qui fit appel à l'artiste français Yann Kersalé, spécialiste des effets de lumière. Dans la grandeur réelle du Sony Center, il aura réussi à créer l'illusion d'un sentiment d'intimité. Apaisant et somptueux.

Vue sur le dome du Sony Center depuis l'intérieur

Le Sony Center est un pari sur l'avenir


Le Sony Center est une grande réussite qui passera à la postérité. Son éclectisme architectural et son aménagement en zones invitent à repenser la ville avec pour objectif la création d'un environnement harmonieux et soucieux du bien-être commun. A ce titre, le complexe reproduit un modèle déjà éprouvé à Berlin avec les Hackesche Höfe dont il s'avère être une forme contemporaine.


L'absence de mise en valeur du site suffit-elle à qualifier l'entreprise d'échec ? Certes, les retombées économiques ne sont pas à la hauteur de l'investissement. De même, les Berlinois tardent à se réapproprier le centre-ville originel. Cet échec relatif est à court terme. Le renouvellement des axes de communication exige du temps et il est probable que le Sony Center devienne une place majeure de Berlin dans les 15 prochaines années.


Le postmodernisme de Helmut Jahn s'adapte aux enjeux contemporains sans renier l'héritage du passé. Ainsi le Sony Center intègre dans sa super structure les restes de l'ancien Hôtel Esplanade, dont seule la façade extérieure a été préservée des destructions de la guerre. Cette association de l'ancien et du nouveau est à l'opposé des récents projets dont la plupart souffrent d'historicisme. Hier, on construisait le patrimoine de demain : aujourd'hui, on reconstruit le patrimoine d'hier. C'est peut-être ici que se trouve le véritable échec du Sony Center : l'incapacité à insuffler sa dynamique pour transformer profondément Berlin. L'ambition et les attentes étaient sans doute trop grandes.

Les perspectives verticales offertes par le Sony Center

Atouts

  • Des perspectives époustouflantes

  • L'illusion de l'intimité

  • Les jeux de lumière

Limites

  • Une offre gastronomique sans authenticité

  • L'absence d'une réelle valorisation

  • Un vide parfois effrayant

Pour aller plus loin

  • Le dôme du Sony Center s'admire depuis le Panoramapunkt sur la tour Kollhoff.

  • L'association du nouveau et de l'ancien se retrouve également au Palais du Reichstag et au Musée historique allemand.

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