Le parc de l'aéroport de Tempelhof se situe sur l'ancienne station aéroportuaire de Berlin-Ouest. Fermée en 2009, sa réhabilitation en parc public l'année suivante en fait désormais un espace privilégié pour le loisir. Pourtant, son devenir reste en suspens.
La visite du parc de l'aéroport de Tempelhof est facultative
Les Berlinois ont un affect particulier envers leurs aéroports. Tegel et Tempelhof ont tous deux été les places fortes du pont aérien pendant le blocus de Berlin-Ouest en 1948/49. Beaucoup se rappellent encore les vols incessants au-dessus de la ville et les largages friandises lors des phases d'atterrissage. Respectivement fermés en 2009 et 2020, ils restent des symboles identitaires fortement ancrés dans la mémoire collective.
L'aéroport de Tempelhof se situait au cœur de la ville enclavée de Berlin-Ouest. Sa fermeture laissait donc un immense vide qu'il fallait alors combler. Cependant, la nouvelle capitale allemande traverse une grave crise financière dans les années 2000, frôlant même la banqueroute. En l'absence de moyens suffisants, les pouvoirs publics abandonnent alors l'idée d'un aménagement en profondeur et se tournent vers les initiatives citoyennes qui s'orientent vers une occupation festive et populaire des lieux. Cela correspondait à l'évidence au slogan quelque peu fourvoyé du maire de l'époque : Berlin, pauvre mais sexy. D'ailleurs, la proximité géographique avec les quartiers alors alternatifs de Kreuzberg et Neukölln favorisait une appropriation rapide et immédiate de ce qui allait devenir un parc.
Depuis, la situation financière de Berlin s'est considérablement améliorée et le parc de l'aéroport de Tempelhof attise les convoitises des pouvoirs publics mais également celles des promoteurs privés. Déjà, les acteurs de la scène culturelle se disputent l'attribution des hangars et des bâtiments. En revanche, l'avenir du parc n'est pas encore décidé.
Un ancien aéroport en centre-ville
Le parc de l'aéroport de Tempelhof est facilement accessible depuis le centre-ville et le sud de la couronne berlinoise. Toutefois, la plupart des usagers viennent des quartiers limitrophes de Kreuzberg et Neukölln. Le parc reste ouvert en journée du lever au coucher du soleil. Une dizaine d'entrées quadrillent l'ensemble de la zone. Seul l'ancien tarmac et les pistes sont ouverts au public, tandis que les bâtiments de la station aéroportuaire restent fermés. Toutefois, un avion est exposé en extérieur.
La première impression est celle d'un immense vide. Le parc est une plaine dépourvue de végétation et de laquelle de larges bandes goudronnées émergent. Pas d'arbres et donc pas d'endroits ombragés où s'abriter du soleil. Quelques stands proposent des trottinettes et de petits véhicules électriques à la location. Près des entrées, des roulottes offrent une restauration rapide et des boissons à un prix d'ailleurs très élevé pour Berlin. Le reste n'est que vide. Aucun événement n'est attendu et à chacun de trouver son intérêt.
Les usagers du parc occupent ce vide qu'ils façonnent selon leur bon vouloir. Beaucoup s'y promènent en famille, les enfants improvisent des jeux sur les grandes pelouses. Certains s'y prélassent, d'autres organisent des pique-niques et des barbecues. De nombreuses personnes pratiquent une activité physique, et des groupes plus ou moins grands se forment ici et là. Les interactions restent malgré tout assez réduites car l'entre-soi est privilégié. Au loin, des jardins communautaires sont réservés aux plus chanceux, tandis que le ciel se couvre de temps à autre de dizaines de cerfs-volants.
Quel avenir pour le parc de l'aéroport de Tempelhof ?
Depuis 15 ans, Berlin connait un boom démographique considérable. L'augmentation de la population s'est traduite par une lente planification urbaine et la définition de nouveaux axes de développement, notamment vers le sud de la capitale. La pénurie de logements est la préoccupation principale des habitants, menaçant de nombreux espaces associatifs et plus généralement le vivre-ensemble.
Pendant ces années, plusieurs projets d'aménagement du parc de l'aéroport de Tempelhof ont été avancés par les pouvoirs publics et leurs partenaires du secteur privé. A l'instar du parc Gleisdreieck dans le quartier de Schöneberg, il s'agissait de créer de nouvelles zones résidentielles dans un cadre paysager propice aux rencontres et aux loisirs. Jusqu'à présent, ces propositions ont toutes échoué en raison de l'opposition des lobbys citoyens. Le dernier référendum de mai 2014 concernant la construction de nouvelles aires d'habitation fut un cinglant désaveu pour la Mairie de Berlin. De même fut critiqué le projet d'un village pour les réfugiés et les demandeurs d'asile.
Le statu quo est provisoire et la question reste ouverte. Les partisans d'une transformation en profondeur du parc de l'aéroport de Tempelhof dénoncent l'égoïsme des populations mitoyennes qu'ils accusent d'agir contre le bien commun. Au contraire, leurs adversaires défendent le maintien d'un espace de liberté totale qui, en tout état de cause, participe également à la singularité démocratique et la notoriété internationale de Berlin. Qu'importe le camp qui l'emportera, l'immobilisme n'est pas une option et des aménagements quels qu'ils soient sont inévitables sur le moyen-terme.
Atouts
L'immensité du site
Le concept de liberté totale
Assez bien entretenu
Limites
Un vide en longueur parfois effrayant
Une mixité sociale à revoir
Absence de bancs publics
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