Le Musée de la Céramique (Keramik-Museum Berlin) à Berlin est avant tout une aventure sociale et citoyenne : une volonté de préserver le patrimoine et de se retrouver dans l'intimité.
Une visite au Musée de la Céramique est facultative. C'est aussi un coup de cœur personnel.
Situé dans le quartier de Charlottenbourg, le musée de la Céramique est abrité par une très ancienne maison. Habituellement, l'architecture d'un lieu d'exposition est au service de la muséographie. Ici, le rapport est inversé et les collections habitent le bâtiment pour mieux le valoriser. Cette bâtisse est en effet importante car elle est l'un des derniers témoins du vieux Charlottenbourg. La visiter c'est revenir à une époque où le Grand-Berlin d'aujourd'hui n'existait pas encore.
La ville de Charlottenbourg était d'abord un lieu de villégiature pour une partie de l'aristocratie prussienne en quête de tranquillité et de détente. Elle prospéra rapidement pour devenir un centre économique et démographique majeur, le second du Brandebourg après Berlin. Pour contrer cette influence, les initiatives pour la création d'une province unifiée autour de Berlin se multiplièrent. Cependant, elles rencontrèrent constamment l'hostilité des élites locales.
Finalement, le projet d'un Berlin mégalopole se réalise à la fin de la Première Guerre Mondiale. La capitale annexe 7 villes et près de 60 communes environnantes. L'ironie est délicieuse : ce n'est plus Berlin qui souhaite agglomérer ses opulentes voisines mais la banlieue qui veut contrecarrer l'influence marxiste qui y est alors menaçante. Édifiée en 1712 et passée au patrimoine en 1983, la maison de la Schustehrusstrasse fait revivre l'ancien Charlottenbourg. C'est au Musée de la Céramique qu'incombe la tâche de le préserver.
Un espace muséal décevant mais…
Le musée est très accueillant et l'on y entre comme dans une maison. L'ensemble a été grandement rénové. De jolies couleurs pastel jouxtent des espaces plus modernes, propres à l'exposition des collections de céramiques fines, de majoliques de type andalou et italien. Quelques pièces orientales et d'autres en raku ajoutent un certain cachet aux lieux. Les œuvres en porcelaine côtoient celles en grès dans une muséographie aérée et plaisante dans son cheminement.
Cependant, si ce n’est auprès du personnel d'accueil du musée, le visiteur n'aura accès à pratiquement aucune information. On ne trouve pas grand-chose à propos des œuvres en tant que telles, des artistes ou même des différentes techniques portant sur la cuisson ou les pièces émaillées. L'histoire de la céramique n'est tout simplement pas abordée. D'ailleurs, les collections sont avant tout contemporaines.
En outre, l'absence d'interaction pédagogique, le petit nombre de pièces présentées et la taille finalement très réduite de l'ensemble peuvent laisser au visiteur profane un sentiment de vide. L'ensemble ressemble ainsi moins à un musée qu'à une galerie. Il faut néanmoins noter que les expositions temporaires sont fréquemment renouvelées et très diversifiées.
C'est en sortant d'une dépendance servant de lieu d'exposition, que le visiteur pourrait être surpris et charmé. Une intrigante cour intérieure du musée fait régner un romantisme désuet.
Une initiative à encourager et à soutenir
Dans l'absolu, l'espace muséal est assez restreint et les collections malheureusement trop réduites. On en aura très vite fait le tour. C'est d'autant plus vrai que la céramique est présentée dans sa forme la plus moderne.
Néanmoins, un bon musée n'est pas nécessairement exhaustif ni superlatif. Ce musée occupe une bâtisse autrefois menacée de destruction et préservée grâce à une mobilisation citoyenne. Sa pérennité a été assurée par les membres d'une association de soutien qui se chargent non seulement de l'accueil et de l'accompagnement du visiteur, mais aussi de l'acquisition de nouvelles pièces. Le personnel bénévole du Musée de la Céramique est donc extrêmement compétent car guidé par sa seule passion pour la céramique d'art. Son dévouement pour faire vivre une initiative citoyenne est exemplaire.
Le fait que la plupart des acquisitions du musée soient des legs testamentaires d'anciens membres pose la question de la mémoire et de la continuité. Mieux encore, cet espace muséal préserve et valorise un patrimoine architectural à taille humaine. La démarche est louable et s'inscrit dans une logique locale et participative.
Atouts
Musée pour la sauvegarde du patrimoine architectural
Accueil chaleureux et personnel très compétent
Une intimité dont on profitera une après-midi ensoleillée
Limites
Collections réduites
Peu d’informations
Horaires d’ouverture improbables
Prix relativement élevé
Pour aller plus loin
Quelques informations complémentaires sur les techniques céramiques.
Un article rappelant que si la céramique est un art ancestral, elle sait s'adapter aux tendances plus contemporaines.
Pour le jubilé du 100e anniversaire de Berlin-Mégalopole, une carte en allemand pour saisir l'ampleur de la transformation urbaine.
Comments